Nous sommes les témoins et les acteurs parfois inconscients de changements sociaux considérables : la France et l’Europe sont entrées dans une nouvelle donne démographique, géopolitique, économique et socioculturelle. Citons pêle-mêle et sans les développer quelques-unes des principales mutations en cours : globalisation économique, transformation des rapports internationaux, émergence de nouvelles puissances, accélération des temps sociaux, vieillissement de la population, tertiarisation de la production, de la consommation et de l’emploi, résurgence d’inégalités, prise de conscience des enjeux environnementaux…
Toutes ces transformations sont porteuses de risques qui génèrent des peurs, des crispations et des tentations réactionnaires, mais aussi d’opportunités qui engendrent des attentes, des espoirs et des volontés de réforme.
Ayant choisi d’aborder ce changement social en étudiant l’évolution du système d’emploi français, j’interroge en particulier les tenants et les aboutissants de la flexibilisation et la précarisation de l’emploi. Celui-ci constitue en effet un élément essentiel du fonctionnement des sociétés industrielles et de la place des individus dans les rapports sociaux. Comprendre les effets des mutations du système d’emploi constitue donc un moyen d’éclairer ce qui change et d’essayer de comprendre le(s) futur(s) qui pourrai(en)t en découler. En s’appuyant sur ces travaux, je veux montrer ici une contradiction centrale de notre société entre la chance que constitue sa jeunesse et l’incapacité durable à lui donner sa place.