Communication au Centre d’études de l’emploi
Situé à la frontière entre la formation et l’emploi, le stage est progressivement devenu une figure imposée des cursus scolaires et universitaires post bac. Ce qui a longtemps fonctionné comme un outil pédagogique et/ou probatoire circonscrit à quelques formations est devenu depuis deux à trois décennies un instrument de « professionnalisation » des études au service de la future insertion professionnelle des diplômés de plus en plus difficile dans le contexte d’un sous-emploi multiforme massif, d’une sélectivité accrue des modes de recrutement et d’une gestion de la main-d’œuvre de plus en plus flexibilisée. Ce texte se propose de discuter des réalités, des conditions et des limites de l’efficacité des stages en questionnant les fausses évidences qui accompagnent souvent les appels à multiplier les stages et leur mise en œuvre et en soulignant les risques importants que génère l’inflation des stages.
Plan de la communication
1. Les potentialités diverses et sous conditions du stage
Contrairement au discours dominant, le stage n’est pas seulement et n’est même pas principalement un levier d’insertion professionnelle que nous ne limitons pas à l’accès au premier emploi, mais que nous définissons à la façon de Michel Vernières comme « un processus par lequel des individus n’ayant jamais appartenu à la population active, accèdent à une position stabilisée dans le système d’emploi » (Vernières, 1997, p. 12). Après avoir décrit les trois apports potentiels du stage (un apport formatif, un apport socialisateur et un apport pré-professionnalisant) et montré la synergie plus ou moins effective entre ces trois aspects, nous exposerons les conditions qu’il apparaît nécessaire de réunir pour que ces potentiels se concrétisent à l’occasion des stages.
1.1 Les trois potentiels formatif, socialisateur et pré-professionnalisant
1.2 Une complémentarité et une synergie
1.3 Des conditions exigeantes pour que le potentiel devienne réalité
Même si les apports d’un stage peuvent être tout à fait substantiels, il nous paraît important de prendre aussi en compte les risques liés à leurs conditions d’organisation et à leur inflation actuelle.
2. Les risques liés aux conditions d’organisation des stages et à leur inflation
Non seulement tout stage n’est pas « un bon stage », c’est-à-dire un stage producteur de savoirs et d’intelligibilité transférables, mais l’organisation défectueuse et le nombre excessif de stages produisent différents risques microsociaux (pour chaque stagiaire en particulier) et macrosociaux (pour la formation et l’accès à l’emploi des jeunes en général). Nous traiterons d’abord des deux grands types de « mauvais stages », à savoir les stages inutiles faute de contenu réel (le « stage photocopies ») et les stages abusifs en raison d’exigences productives excessives (le stage se substituant à un emploi salarié). De tels stages posent deux questions : quelles raisons expliquent leur existence ? Quels effets produisent-ils ? Nous aborderons ensuite les effets pervers importants de la multiplication des stages à laquelle on a assisté ces dernières décennies sous l’effet du mimétisme et de la peur du chômage.
2.1 Le stage photocopies, une dérive des établissements formateurs
2.2 Le stage exploitation, un abus des organisations accueillant des stagiaires
2.3 L’inflation des stages, solution ou obstacle à l’insertion professionnelle des jeunes ?
© D. Glaymann, Largotec (Université Paris Est) et Restag, 2013